Cela fait très longtemps que je n'ai pas alimenté le blog sur le rebond du chef d'entreprise après une liquidation d'entreprise. Pris dans le travail (je suis de ces personnes qui se passionnent pour leur travail, surtout quand il est très intéressant, passionnant, quoi !!) et dans les projets d'entreprendre (un nouveau blog sur des recettes de cuisine sans gluten, sans laitage et sans sucre - pour le visiter, c'est par ici ... www.macuisineadusens.blogspot.fr et un projet de livres, toujours dans l'art culinaire, sur des recettes de cuisine), j'avais un peu délaissé le rebond. Vos témoignages que je reçois régulièrement (souvent par email, car pas évident de s'afficher au grand jour, surtout quand c'est tout frais), sont pour moi, un bonheur. Et je vous dis MERCI. Le bonheur que d'écrire n'est pas vain, que cela touche et émeut des gens. Donne de l'espoir aussi. Et pourtant, j'aurais sûrement encore tant à partager, parce qu'une liquidation d'entreprise, c'est une expérience, une aventure, douloureuse, inconfortable et en même temps, tellement enrichissante (on s'en rend compte après, bien après !!). Même moi, je n'ai pas encore la mesure et la portée de cette aventure, tant je suis encore à devoir de l'argent aux anciens créanciers de la société.
Justement, en parlant d'argent, j'ai envie de partager avec vous une petite astuce qui me vient d'une amie, que j'ai mis en place depuis la liquidation de l'entreprise et qui bien que je gagne un salaire tous les mois, je continue dans cette démarche simple, rigoureuse mais qui chaque jour, me permet d'avancer dans le remboursements des dettes. Une astuce de bon sens paysan, direz certains. Une astuce simple et juste, j'aurai envie d'insister.
L'argent, certains le disent comme le nerf de la guerre. Mais quand on n'en a pas et que l'on en doit, difficile de faire la part des choses. Encore aujourd'hui, cela me met souvent en colère quand un créancier me demande de rembourser 23 000 €, comme çà, d'un coup. Je ne joue pas au loto, je ne suis pas mariée à Crésus et je n'ai pas héritée d'une grand tante d'Amérique. Et puis, l'argent, cela ne pousse pas dans les arbres non plus, sinon, cela se saurait. Bon, passons sur ces certitudes. Comment faire pour rembourser et vivre malgré tout ? et vivre pour tout !
Bon, dans un premier temps, il y a un point à faire sur ce que vous gagnez (même si vous touchez le RSA, comme il m'est arrivé les premiers 18 mois après la liquidation et où les créanciers voulez tous les meubles de la maison!), ce que vous devez et ce vous dépensez pour vivre. Je ne vais pas vous mentir, le point sur ce que vous dépensez pour vivre, il faudra le raboter dans tous les sens et ne garder que le nécessaire. Oublié le superflu, les dépenses inconsidérées, revenez à l'essentiel : vous nourrir (et nourrir votre famille), payer votre toit (loyer ou prêt), les quelques dépenses autours (électricité, assurances, voiture ou transport en commun) sans oublier vos impôts et taxe d'habitation et/ou foncière. Revenir à l'essentiel est très difficile. Notre société nous a façonné dans un monde d'hyper-consommation. Et quand on doit beaucoup d'argent, l'hyper-consommation est la plaie pour s'en sortir. Impossible de rester dans ce schéma, sans se perdre ou sans s'enfoncer encore un peu plus. Donc, changer d'esprit, changer notre vision du monde. Et oui, tout ne s'achète pas !!
Deuxième temps, négocier avec vos créanciers. Vous savez ce que vous gagnez, ce que vous dépensez pour vos besoins primaires (et j'insiste !) et ce qu'il vous reste à la fin. Prévoyez une petite marge de manoeuvre et respectez à la lettre votre programme financier. Les créanciers, ils veulent des faits et que ce soit juste. Si vous avez le couteau trop sous la gorge, il arrivera un temps ou vous serez malade, que vous ne pourrez plus travailler, donc, plus les rembourser. pensez-y. C'est votre intérêt et le leur. Trouvez le juste milieu. Si vous annoncez que pour vous nourrir, vous dépensez 1 000 €, alors que vous n'êtes que 2 à la maison, ils ne vous croiront pas. Et ils auront raison. Soyez juste avec vous et avec eux.
Enfin, avec l'argent restant, plutôt que de le laisser sur votre compte et de le dépenser à coup de carte bleue sans trop savoir où vous allez, sortez-le en liquide, placez dans des petites enveloppes que vous affectez à (et ce ne sont que des exemples) :
Que fait-on avec ses enveloppes ? Moi, dès que je fais des courses, je prends dans l'enveloppe Alimentation. Une de mes filles a besoin d'un livre pour l'école, je prends dans l'enveloppe Les filles. Et ainsi de suite. Je n'utilise plus ma carte bleue (à part pour sortir les sous chaque début de mois) et mon chéquier (à part pour payer tous les mois les créanciers). Si un mois, vous avez fait des économies sur un poste, vous pouvez le mettre de côté pour les vacances, ou vous faire un petit plaisir. Si un mois, vous êtes un peu court dans un poste, prenez sur un autre. Mais attention, ne vous laissez pas trop aller à ce petit jeu de vase communiquant. Sinon, c'est impossible à gérer ensuite. Et on retombe dans des travers de mauvaises gestions de ses comptes personnels. Impossible de mettre des sous de côté et de rembourser ses créanciers ensuite. Et puis, regardez-bien au fond de vos placards, il reste souvent un petit truc à manger. N'oubliez pas de revenir à l'essentiel.
C'est un passage. Un passage qui dans cette société d'hyper-consommation, où acheter à crédit est tellement facile, où avoir le dernier Iphone ou la dernière technologie à la mode est une priorité pour beaucoup, où les vacances se font obligatoirement en traversant une mer par les airs (oui, oui, vous m'avez bien comprise), ou la garde robe croule sur les dernières nouveautés, m'a fait quand même réfléchir au sens de la vie, au sens de ma vie. Entreprendre, j'adore. Echanger, partager avec d'autres, c'est enrichissant. Apprendre, connaître, c'est une ouverture magnifique. Pour tout cela, doit-on toujours payer ? Ne peut-on pas faire autrement ?
Le 15 mai 2009, je postais un article du magazine Management : "c'est le moment de positiver", le dossier du mois avec Nicolas Canteloup en couverture. Ce dossier m'avait aidé à appréhender les différentes étapes par lesquelles j'allais passé après ma liquidation d'entreprise.
En septembre 2010, j'étais fière de passer dans mon magazine préféré (et je ne vous raconte pas l'exitation et les yeux pétillants de mes filles à la vue de leur maman en photo dans un magazine que l'on avait acheté dans une presse pendant nos vacances dans le Tarn !). J'avais participé au dossier du mois : "le courage : mode d'emploi" avec Loïck Peyron en couverture.
Retrouvez tout l'article "Redressez la tête après un coup dur" sur le site de Capital et Management : capital.fr
La tête, j'ai commencé vraiment à la redresser après l'été 2010. Cela faisait à peu près 6 mois que je travaillais en tant que directrice de l'ADPM, l'association pour le Développement et la Promotion des Marchés, réseau d'acteurs autour du commerce non sédentaires, des halles et des marchés. J'ai finalement aussi réussi à laisser mon costume de chef d'entreprise dans les cartons d'archives de Terracom et j'ai investi mon rôle de directrice.
Aujourd'hui encore, quelques nuages au-dessus de la tête de mon passé d'ex-chef d'entreprise (créanciers des cautions personnelles) et en même temps, le soleil refait son apparition. Un besoin de changer ma phrase qui me permettait de tenir jusque là (quoiqu'elle n'est pas toujours très loin quand même) et qui était : Garder confiance quant à ses capacités à gagner, à s'en sortir, quelles que soient les difficultés Et en même temps Faire face à la plus brutale des réalités, quelle qu'elle soit.
Mes 2 nouvelles phrases qui m'aident sur mon chemin, chaque jour :
Ne pleure pas parce que les choses sont terminées ; souris parce qu'elles ont existé.
Ne pleure pas d'avoir perdu le soleil, tes larmes t'empêcheraient de voir les étoiles.
Quelques mots après une longue absence. La recherche d'un poste dans une entreprise, est un véritable travail de longue haleine et surtout un temps plein. Le réseau est un formidable outil qui comme une toile, tisse petit à petit des liens, des rencontres et puis un jour, un entretien, puis deux, puis trois... et enfin, une embauche. Depuis 2 mois, la vie a repris du sens, avec de vrais objectifs (quoique les objectifs de la période de transition sont aussi de vrais objectifs, mais nous avons tendance à ne pas les voir ainsi). On se lève le matin avec dans la tête pleins de rêves, de projets et des actions concrètes pour la journée. Le premier salaire (enfin un depuis plus de 18 mois, le bonheur !), la première fiche de paie (je vais enfin retrouver une sécurité sociale et pouvoir aller chez le dentiste !).
Pourtant, la situation de l'ex chef d'entreprise rattrape de temps en temps cette belle éclaircie et l'on doit composer encore et encore avec les huissiers, les créanciers, jongler avec les découverts et le retard pris à payer ce que l'on doit, calmer les banquiers qui nous harcèlent et dans le même temps, essayer de nous racheter un petit tailleur ou une paire de chaussures, car il y a belle lurette que notre garde robe s'est usée, non pas sur les bancs de l'école, mais sur ceux des tribunaux et des entretiens d'embauche !
Encore aujourd'hui, je me lève tous les matins et je me répète deux phrases. Une sortie tout droit d'un dessin animé (comme quoi, ne partons pas avec des préjugés !) mais qui aujourd'hui est devenue ma maxime et me permet d'avancer, petit pas par petit pas :
"Hier est derrière. Demain est un mystère.
Aujourd'hui est un cadeau.
C'est pour cela qu'on l'appelle PRÉSENT." Kung Fu Panda.
Et la deuxième, celle qui me porte déjà depuis la liquidation de mon entreprise : la fameuse phrase du complexe de Stockdale :
Garder confiance quant à ses capacités à gagner,
à s'en sortir, quelles que soient les difficultés
Et en même temps
Faire face à la plus brutale des réalités,
quelle qu'elle soit.
PS : Depuis mars 2010, j'ai retrouvé un poste de Directrice dans une association, l'ADPM, association pour le développement et la promotion des marchés (voir site Internet).