Dans Management du mois de mars 2009, Anne-Isabelle Six, évoquait les différentes étapes par lesquelles nous passons lorsqu’un coup du sort nous frappe. Je vous livre la suite, toujours avec quelques témoignages.
3- Regardez votre vie d’avant sans l’idéaliser.
« La difficulté à accepter un changement non désiré provient en partie du fait que l’on a tendance à ne retenir que les bons côtés de la situation antérieure. Pour éviter de tomber dans ce travers, il peut se révéler utile de faire appel à un psy ou à un coach qui vous aidera à nuancer vos perceptions. « Tout d’abord, il faut prendre du recul par rapport à ses problèmes. Perdre un travail, cela reste moins grave qu’un deuil ou un problème de santé », relativise le psychiatre Frédéric Fanget. Pour échapper aux déclarations définitives du type « ma vie est foutue », dressez par écrit la liste des avantages et des inconvénients de votre ancienne situation et de votre nouvelle situation.
Témoignage : on peut se dire que c’est plus facile à faire pour un cadre qui a été licencié sans ménagement que pour un chef d’entreprise qui vient de perdre son entreprise sur les bancs du Tribunal de Commerce. Pourtant, avec du recul, c’est aussi indispensable dans l’une comme dans l’autre des situations. Tout simplement, car cela nous permet de voir si réellement, nous sommes faits pour être ENTREPRENEUR ou au contraire, si nous ne devrions pas aller vers le salariat. C’est aussi un moyen de se poser les bonnes questions, de voir là où nous avons fait des erreurs et comment nous pouvons les éviter dans l’avenir. C’est aussi apprendre.
4- Envisagez l’avenir avec lucidité… et optimisme.
« Là encore, la démarche n’est pas toujours naturelle et peut réclamer quelques efforts. Il ne s’agit ni de vous voiler la face sur la réalité, ni de vous persuader que vous n’arriverez à rien. Comme le soulignait le philosophe stoïcien Epictète : « Ce ne sont pas les évènements qui perturbent les hommes, mais l’idée qu’ils s’en font. » Il faut comprendre que le contexte s’est modifié, que vous disposez de ressources différentes. Entre le « Tout est de ma faute » et le « Je n’y peux rien », il existe une marge de manœuvre qu’il vous appartient de définir.
Témoignage : Je reviens sur le concept du paradoxe de Stockdale, qui définit à mon sens plus précisément cette étape. (Voir billet du 14 mai 2009 sur ce blog).
5- Trouvez un nouvel équilibre dans votre vie.
« Les mois qui suivent un bouleversement majeur constituent l’occasion de s’ouvrir à de nouveaux horizons en renouant avec une vie équilibrée. Le psychiatre Frédéric Fanget compare notre existence à une chaise reposant sur quatre pieds. Lorsque l’un d’eux se brise, il faut pouvoir s’appuyer sur les trois autres : si votre vie professionnelle flanche, trouvez le réconfort dans votre famille, mettez à contribution votre réseau d’amis et de relations, et ressourcez-vous en développant votre vie spirituelle et intellectuelle.
Si votre famille est soudée, profitez-en pour lui consacrer davantage de temps. Faites ensuite le compte de vos vrais amis et sollicitez-les. Ils pourront vous apporter une aide concrète (contacts professionnels), méthodologique (conseils pour la rédaction de votre CV, simulation d’entretien), mais aussi et surtout un soutien affectif. »
Témoignage : Là encore, nombreux d’entre nous ont souvent plusieurs pieds qui flanchent quand on annonce la liquidation de son entreprise à son entourage professionnel, relationnel et familial. Et pourtant … Au début, je vous l’accorde, c’est un effort, oui, douloureux mais Oooh combien bénéfique, rassurant et nous apportant un grand soutien moralement. Il faut juste arriver à faire le tri de nos amis, de nos relations et même de notre famille et aller vers les personnes qui nous font du bien. Si si, je vous assure, elles existent !
« Enfin, il est important de nourrir votre vie intérieure. Les grands textes – littéraires, philosophiques ou religieux – aident à redéfinir les priorités de son existence.
Témoignage : Pour ma part, je revisitais quelques classiques de la philosophie et de la psychologie et me suis penchée sur des essais d’André Comte-Sponville, dont le Capitalisme est-il moral ? Je dévorais les livres, l’après-midi, sur mon balcon, au soleil. Cela m’a aussi permis, de récupérer en un mois une bonne mine et de ne pas avoir le teint brouillé lors de quelques entretiens d’embauche que j’ai pu passé.
Certes les épreuves laissent des cicatrices. Mais elles représentent aussi une occasion de progresser. Se montrer résilient, ce n’est pas se croire invulnérable, mais savoir se relever après la chute ». Anne-Isabelle Six, pour Management.