Le 16 février 2009, je passais devant le Tribunal de Commerce de Chambéry. Je savais ce qui m’attendait. Mon avocate et mon administrateur avaient tous deux été clairs : liquidation judiciaire. Pour ma part, c’était clair aussi. La société n’avait pas engrangé suffisamment de CA et les contrats à venir n’étaient pas non plus au rendez-vous. Donc, l’issue était claire aussi pour moi. Fin février, je reçois le magazine Management du mois de mars (et oui, j’y suis abonné depuis le numéro n°2, à l’époque, je crois que j’étais encore étudiante !). Le dossier du mois : C’est le moment de positiver ! avec Nicolas Canteloup en couverture. Oui, et bien, ce n’est pas facile de positiver quand on vient de perdre sa boîte, que l’on n’a plus de revenu, que les médias nous sortent des affaires scandaleuses de parachutes dorés et autres départs à la retraite de grands patrons (qui ne sont pas des entrepreneurs, j’y reviendrai un jour peut-être). Mais bon, je me lance et je lis le dossier sur la positive attitude. Et puis, je tombe sur l’article d’Anne-Isabelle Six, Apprenez à relativiser les coups durs. L’article me fait du bien. Je comprends mieux maintenant ma situation (et oui, je n’arrivais plus à me mettre devant l’ordinateur, j’étais comme paralysée quand je devais gérer un dossier, je mettais une semaine voire 15 jours pour régler certains détails de la vie quotidienne). Je vous livre les différentes étapes par lesquelles nous passons en général (cela dépend bien sûr des individus, de leur parcours, de leur environnement et de leurs expériences) après un traumatisme comme une liquidation d’entreprise.
Premier extrait de l’article :
« Licenciement, activité en berne : la vie professionnelle n’est pas un long fleuve tranquille. Voici des pistes pour se remettre d’une épreuve et trouver l’élan qui vous permettra de rebondir.
Nos existences peuvent être bouleversées du jour au lendemain par des coups du sort. « On peut cependant se préparer à les affronter et à développer sa « résilience », cette capacité à rebondir après un traumatisme », affirme Mathieu Poirot, psychologue et professeur de management à l’ESC Dijon. Mais il faut pour cela admettre de perdre parfois le contrôle, alors que l’univers de l’entreprise nous incite à vouloir tout maîtriser en permanence. Etape par étape, apprenez à faire d’une situation de crise une opportunité pour un nouveau départ.
1- Acceptez le traumatisme consécutif à l’événement.
L’état de choc que l’on connaît après un événement douloureux est la première étape du long processus qui conduit à surmonter une épreuve. Dans les situations douloureuses, nier ses émotions, les fuir, est un réflexe naturel mais dangereux : il faut au contraire se « connecter » à ce que l’on ressent et le nommer (tristesse, colère, peur, …), car il est impossible d’évacuer ce qu’on refuse d’admettre. »
Témoignage : je me suis servie de la Communication Non Violente qui m’a aidé à mettre une émotion et un besoin non comblé face à une situation (je ferais un billet dans les prochains jours).
2- Donnez-vous le temps de digérer l’épreuve.
Après un coup dur, vous récupèrerez d’autant mieux que vous n’essaierez pas de brusquer les choses. « Nous ne faisons pas volontairement le deuil d’un événement, seul le temps apaise la douleur », décrypte le psychanalyste Jean-Pierre Marcos. Les experts estiment qu’il faut en moyenne de dix-huit à vingt-quatre mois pour commencer à surmonter un divorce. De même, aucun nouveau projet professionnel cohérent ne peut se bâtir en moins de six mois. Tout dépend du temps passé dans l’ancienne entreprise et de l’investissement qui a été consenti. « Je me souviens que je mettais une matinée pour aller acheter des timbres », raconte ce cadre, congédié en quarante-huit heures.. En effet, les chocs émotionnels provoquent un ralentissement psychomoteur. Pour se remettre sur pied, il ne faut pas se faire violence, mais au contraire prendre soin de soi : marcher dans la nature, pratiquer un sport, visiter une exposition. »
Témoignage : pour ma part, je n’avais pas un sou. Alors, je me suis mise à re-fréquenter les bibliothèques lyonnaises et à lire sur mon balcon, au soleil. J’ai appelé des amies pour avoir de l’écoute et du soutien. J’allais me balader en ville en faisant attention aux détails de l’architecture des quartiers lyonnais. Avec des copines, j’ai participé à un cours de salsa, gratuitement, dans un café du 1er. J’allais au parc de la Tête d’Or, respirer et voir pousser les arbres, les fleurs.
« S’autoriser à rêvasser, voire s’ennuyer, est d’ailleurs recommandé. « De la même manière qu’un enfant trop occupé n’a pas le loisir de développer son imagination, un adulte obsédé par l’idée de rendre chaque minute productive ne sait plus regarder le monde autrement, prendre du recul, ni donner une nouvelle direction à sa vie », explique le psychologue Mathieu Poirot. Si les idées noires vous submergent ou si vous vous sentez angoissé, n’hésitez pas à recourir à des techniques de relaxation. »
Suite du billet – dans le week-end. Anne-Isabelle Six aborde les thèmes suivants :
- Regardez votre vie d’avant sans l’idéaliser
- Envisagez l’avenir avec lucidité et optimisme. Voir pour cette partie le paradoxe de Stockdale, dans le billet précédent.
- Trouvez un nouvel équilibre dans votre vie